Écrivain, peintre, metteur en scène

L’Origine rouge

texte, mise en scène et peintures
Valère Novarina

avec
Michel Baudinat, Didier Dugast, André Marcon, Laurence Mayor, Dominique Parent, Dominique Pinon, Agnès Sourdillon, Léopold von Verschuer, Daniel Znyk et Christian Paccoud

Scénographie : Philippe Marioge
Lumière : Joël Hourbeigt
Costumes : Sabine Siegwalt
Chansons composées et accompagnées par :
Christian Paccoud
Collaboration artistique : Pascal Omhovère
Assistante à la mise en scène : Céline Schaeffer
Régie générale : Richard Pierre
Administration de production : Clara Rousseau (MINIJY),
Assistée de : Laurent Carmé

L’ORIGINE ROUGE est un archipel d’actes , un faisceau d’actions non résolues : prologue au ciel, cascades de duos, liturgies de cirque, lamentations, épithalames, paysage parlé , tarentelles, semi-ritournelle sur place , double drame pronominal , baudinalia , diverses apparitions d’un homme en bois, pastorale giratoire, chronomachie … Autant de figures d ’attractions, comme autant de mouvements d’un ballet. - Mais dites-nous l’argument ! "
Purgatorius ceratops, plesiadapis tricuspidens, adapis magnus, apidium philomense, parapithecus grangeri, oligopithecus savagei, ælopithecus chirobates, ægyptopithecus zeuxis, ouranopithecus macedoniensis…", LA FEMME DU SEPARACIDE essaye de mettre en ordre les ancêtres de l’homme ; puis elle accouche. JEAN TERRIER lui déclare son amour en algèbre. LE BONHOMME NIHIL essaye de se souvenir d’une dictée qui commençait par : " L’ autel était à Jérusalem mais le sang de la victime baigna l’univers. " LES ENFANTS PARIETAUX rêvent sourdement qu’ils égorgent autrui. En pleine nuit , L’HOMME EN MATIERE VIDE peint des anthropoglyphes sur le sol du théâtre, jette sommairement des figures, des organes, du schéma humain : ses personnages entrent vivent et le tuent.
Ce sont 8 pantins qui s’insoumettent à l’image humaine, prient les écriteaux et parfois font l’animal. Ils cherchent au sol , n’ont qu’une passion : s’interroger sur leur pantinitude , veulent voir simultanément leur animal et leur pensée - et le langage matériellement sortir de leurs bouches, filer dans l’air, en ruban.
Quatre fois la scène est traversée à l’improviste par la MACHINE A DIRE VOICI. Elle nous dit ce qu’il faut penser du réel : " Comment faire pour qu’encore davantage et partout le réel pullule ? " ; c’est la télévision au nom trompeur : la caméra voit jamais loin , la caméra veut tout toucher , va toujours au sang comme le groin… Elle nous intéresse au passage avec les exploits des troupes humanitaires et remplit les interstices du drame comme faisaient les anciens clowns. C’est tres sciemment qu’on nous dresse un peu plus chaque jour à employer un mot pour un autre ; les jeux de mots sont jeux de sang et un peu partout dans le monde, on meurt par glissement de mots. Il n’y a pas d’affaire au monde plus sérieuse que le langage.
Dans L ’ORIGINE ROUGE, on parle parfois en morse, en algèbre ou avec des pancartes ; on tracera au sol des mots en peinture qui couleront pour de vrai ; on pensera en pensée sans langage ; on communiquera par mouvements ; on ira chercher les répliques dans des sacs à répliques. JEAN CHRONODULE carillonne ; L’ILLOGICIEN joue de la trompe ; LES HOMMES D’HECATOMBE passent en courant ; UN HOMME PAR LA FENETRE se demande tout haut si ce n’est pas le langage qui est acteur . Ce qu’ il résume à lui-même en deux mots : le sujet est-il agi par le verbe ? la parole est-elle notre sang ?… Il martèle : l’histoire n’est faite ni par les individus, ni par les masses, ni par Geist, ni par Klassenkampf mais par le langage. Puis il se jette par la fenêtre.

Valère Novarina, mars 2000

TOURNÉE

6 janvier
EVREUX
Théâtre d’Evreux - Scène Nationale