Écrivain, peintre, metteur en scène

Devant la parole

Devant la parole

précipité théâtral mis en scène et interprété par Louis Castel. Création Avignon 2002.
Cie Louis Castel / Le Théâtrographe

Premier temps / Premier espace

Le public attend. Face à lui une vitre sur laquelle un opérateur (la femme à la blouse) écrit :
"La neige couvrait la terre"
Gérard de Nerval
Un proscenium, un couloir, un lever de rideau : un parlant d’ici assène la parole vive, appelle au réveil.
"[...] parler c’est d’abord ouvrir la bouche et attaquer le monde avec, savoir mordre".

Deuxième temps / Deuxième espace

Cet homme est aussi un gardien de l’espace, du tombeau de la matière morte, gardien de musée, du temps, du secret ?

Il entraîne le public dans l’espace de la peinture. Il joue avec les mots au propre comme au figuré, les manipule sur une table ; ils apparaissent derrière lui sur un écran - où dort, puis se matérialise fugacement La Madone entourée d’anges et de saints de Piero della Francesca.

Espace et temps se croisent, se multplient l’un l’autre :

"[...] non pas l’espace-temps-à-tiret (comme on nous le dictait), mais l’espace X temps".

Cette croix est le lieu invisible du basculement de l’espace : "Au point croisé, elle bascule tout, elle place tout le visible ailleurs : dans la perspective incompréhensible du temps. L’ordre perspectif est attient pour être renversé".

Troisième temps / troisième espace

Louis de Funès devient alors l’électron libre, le proton, le synchrotron, l’accélérateur de la langue Novarinienne. La langue et l’espace s’affrontent, se confrontent et s’anti-construisent mutuellement.
Nous voici

dans la loge de l’acteur :
« […] il avait écrit d’un petit crayon orange sur le miroir : « Demeure fragile ». Il voulait dire que c’est sur scène que s’éprouve le mieux le suspens du temps et de l’espace mêlés en nous l’un dans l’autre, dans la demeure fragile de notre corps. »
dans un cube immatériel qui est peut-être une cage à capturer le temps.
« Car la matière du temps, c’est nous les hommes. C’est nous les hommes – et il n’y en a pas d’autres. »
« […] Parce que s’il n’y avait plus d’hommes, il n’y aurait plus ni matière ni temps » disait Louis de Funès. De même qu’il n’y aurait plus de chaises ni la couleur bleue », ajoutait Félix Mayol. « Ni le nombre 287, ni le chiffre 3 », précisa Louis de Funès.
Louis de Funès disait « Et maintenant : rejoindre les archipels ! »

Plus d’informations disponibles dans La Lettre du Théâtrographe (diffusion 2002-2003), n° 2, oct. 2002.
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